Quand ton cerveau est en pause - et donc tes phrases seulement nominales - jusqu'à ce que tu en aies terminé avec le marathon des repas à rallonge et l'enchaînade de films et de bouquins des journées loin de tout.
Le temps s'étire presque de ce côté du monde, le parachutage pantalon troué semble remonter à il y a trois cent ans déjà. On retombe sur des morceaux de souvenirs d'une toute autre époque, même si en fait c'était il y a pas si longtemps.
De ce côté là, on reconnait forcément trop de gens et de lieux ; au milieu de tout ça on s'échappe dans des lignes de roman et des tartines de foie gras.
Après un départ un peu précipité et un voyage interminable pour le bout du monde, je retrouve le calme plat et les visages connus des petits mondes. Le temps s'arrête presque, on est loin, très loin, c'est le début d'une parenthèse encore à définir.
Il faisait pas mal froid là-haut, et quand je skype avec la Scandinavie en mode hiver je suis bien contente d'être chez moi - ambiance tropiques et sieste au soleil, presque. Ça nous empêche pas de faire des repas de Noël avec tout le monde, de tenir le mois de vin chaud et de soupe à la courge, de pain d'épice et de trop de formes de chocolat différentes ; ça va bien avec les retrouvailles des presque adultes qu'on devient et les plans de dingue dans lesquels on lance nos rêves.
Dans quelques jours je m'échappe à l'ouest, d'ici là il reste encore des chantiers à terminer mais on dirait que ça avance. (on voit la fin du tunnel)
Donc voilà, même avec toute la volonté du monde c'est toujours un peu difficile - surtout en ce moment - de trouver l'équilibre : avancer, mais aussi savoir se poser, saisir ces instants de magie avant qu'ils ne s'éteignent. On fait ce qu'on peut en essayant de fixer ça en flou sur du 35mm ou juste en sensations dans nos jambes, en images, en souvenirs situés dans nos têtes, en cartes postales à retardement dans nos boîtes aux lettres.
Et c'est un peu fou - terrible en fait - mais j'attends 2016 comme si l'aventure allait vraiment pouvoir commencer. Ou plutôt, comme quand d'autres aventures se préparent.
J'ai fait un tour à la mer, plongé dans l'eau froide - ça faisait longtemps, je me demandais si ça allait suffire. Fait un gâteau au chocolat ennuyeux, rempli des pages de gribouillages au feutre noir, pris le vent, passé l'aspirateur.
Et puis, le soleil est revenu, j'ai retrouvé mes colocs, communiqué avec le Japon, trouvé des animaux à offrir, mangé une orange, fait claquer un pétard à papillote, descendu 16 étages sur fond d'alarme incendie innoffensive. On dirait que c'est en train de passer.
Là maintenant. C'est un de ces moments où tu te demandes vraiment pourquoi. Où tu as juste envie de tout laisser en plan pour t'enfuir sur un autre continent, d'enchaîner tous les studios Ghibli pour ne pas retourner à la réalité. Où il y aurait tellement de raisons de se plaindre de ce monde moisi et de pleurer comme une madeleine sur des chansons tristes. Où ça serait simple de détester tout le monde jusqu'en 2016 sous prétexte de loose totale, de misère infinie, de cauchemar ambiant. Où c'est sans doute normal de s'indigner, d'être blasé, triste, enragé.
J'accuse le coup du retour comme si j'étais partie trop longtemps, malgré la douceur de Marseille début décembre je n'ai pas encore retrouvé la mer - juste le 16e et à peine un morceau de ville. On dirait qu'il faut du temps pour réapprivoiser son monde.
Mais on traverse la fin de l'année dans du ciel rose et des percées dorées et déjà 2016 se profile : l'aventure.
Trop de choses alors que le temps file entre tes doigts gelés, ton cerveau peine à se remettre en marche après les parenthèses irréelles d'il y a pas si longtemps. Choc thermique et un peu culturel il faut avouer, on traverse d'autres mondes.
On cherche à retrouver ces gens, ces visages, et c'est tout de même différent ; l'insouciance d'avant s'est presque envolée, et les discussions se teintent de réflexions de presque trentenaires, un pied dans la vraie vie d'adulte.
Le bleu du ciel c'est un peu ce qu'il te reste de rassurant, mais à élaborer des plans sur la comète il va falloir un jour se lancer !
Retour de là-bas, après une semaine intense de hoummous et de fool au petit déj, de panneaux arabes et sous-titres anglais, de taxis enfumés et de bus musicaux, de points de vue de fou et d'appels chantés, de rencontres et d'expériences dans la poussière du désert.
L'occasion de se rappeler ce qu'il y a d'agréable à ces moments un peu hors du temps, un peu dans un autre monde ; l'occasion d'essayer de vivre l'instant avec tes sens, de lâcher prise pour mieux accrocher les couleurs à ton coeur.
Le pack Noël se met en place dans la ville un peu partout et ça ne va juste pas du tout avec ce qu'il se passe en ce moment - la mer, le soleil, la mer, le soleil. La mer. On profite de ce mélange bigarré pour manger des tartiflettes et des raclettes et aller se baigner dans la même semaine, c'est étrange mais intéressant.
Sinon, les semaines se remplissent de petits accomplissements - en fait, il suffit de les marquer pour les remarquer - qui te mettent en joie.
La simplicité, c'est évident et pas tant à la fois.
On a comme des morceaux de plans et ça fait du bien de pouvoir se projeter un petit peu mais pas trop.
Alors, c'est toujours plus simple de réagir, après-coup ; mais il faut apprendre à se jeter à l'eau pour se rendre compte qu'elle est pas si froide que ça, il faut savoir fermer les yeux un moment pour les réouvrir sur les couleurs pastels de ce coucher de soleil de fou furieux.
D'autres aventures attendent pour se déployer - comme quand tu effleures les feuilles du basilic et que tu prends un tsunami de parfum dans les narines, comme le rose du ciel entre l'aube et l'aurore, comme le moment où tu le poses, ton regard, et que tu trouves ça juste fou.
Et en même temps, on dirait que l'équilibre apparait doucement, tout en finesse ; pour s'en rendre compte il faut pouvoir faire l'aller-retour entre ces époques qui n'ont presque plus rien à voir entre elles. La génialitude de ça, couplée au microclimat de ta chambre au 16ème côté sud et à la liberté de pouvoir organiser ses moments de galère plus ou moins quand tu veux dans ton emploi du temps forme ce qu'on pourrait bien appeler l'état du moment - une manière d'être au monde qui te convient un peu mieux pas trop mal.
C'est un gros mix de congo chew et d'overdose de riz, de syndrôme de la frite et de clémentines en tailleur, de discussions et autres nouvelles depuis tous ces gens-là, de convergences, parallaxes et autres choses relationnelles qui te donnent envie de partir là-bas, de revenir ici, tout ça ; quand tu hésites entre aller ramasser des chataignes en Ardèche, monter à Paris ou rejoindre le Jura, et qu'en fait tu choisis de partir en Jordanie.
Le passage à l'heure d'hiver marque l'entrée précipitée dans une ère un peu comme décalée par rapport aux activités du moment - genre, aller se baigner à la mer ou bien se lever aux aurores.
Je m'exerce à fixer les souvenirs de ces journées plus ou moins denses, parce que j'ai peur d'oublier ce que j'ai fait, ou parce que je veux me rappeler de ces sensations et de ces détails, des couleurs du matin trop tôt et des coups de pinceau dans le ciel, de l'odeur du chantier d'un gâteau au chocolat dans la cuisine étroite, de ces repas à l'envolée autour d'une table sans coin, du génial d'être une coloc aux pieds noirs et du besoin parfois vital de respirer l'air frais de la nuit.
C'est un peu comme si ces choses-là constituaient le sel fou de la vie, comme si elles nous permettaient de prendre le temps de penser à ces choses-ci, essentielles ; c'est comme si elles marquaient l'entrée presque magique dans d'insaisissables moments de vrai.
Les doigts et les avant-bras tout fatigués de s'accrocher sur des prises à nouveau, on trouve un rythme à l'automne.
Le soleil donne la cadence, c'est des tartes au citrons au 16ème et des morceaux de vie engloutis près de l'eau, des descentes à vélo dans la fraicheur du soir, des siestes presque dehors sur ce fauteuil à plumes si tant génial, des pages noircies de crayon pas réfléchi, des yeux qui ne se lassent pas du paysage - qui change mais qui ne change pas, tu vois un peu.
Bon. Il commence à faire froid, tu as le poncho de mémé à nouveau greffé au dos et les colocs sont en chaussons de l'espace - et en même temps les moustiques sont toujours là et les crénaux ensoleillés sont encore fous, c'est assez déconcertant.
Petit déj rougail saucisse quand ton horloge biologique est bel et bien réglée pour voir la ville s'allumer, tu hésites entre y penser ou non à ces projections dans le temps, parce que c'est à toi de décider, c'est à toi de fabriquer ce truc au milieu de tes mille envies.
C'est encore l'été dans mes dix mètres carrés, je trouve ça juste génial, d'être dans une capsule de summer alors que tout le monde autour est en bonnet.
Sinon, le mois se déroule avec un focus automatique sur les choses cooles de la vie - les choses les plus anodines du quotidien, quand ton cerveau est dans les nuages. À grimper sur le toit du toit, à tenter de revenir les pieds sur terre, à essayer de produire un peu des choses sensées alors que tout s'envole quand tu ouvres les fenêtres ouest.
À une époque de ma -feu- vie d'étudiante, on m'a conseillé de lire un tas de bouquins, regarder plein de films et voyager beaucoup. Aujourd'hui, c'est le moment de poser/choisir/trouver ce qui te convient comme style de vie, oui c'est risky risky mais il y a évidemment des directions que tu ne te vois pas prendre, certaines qui te semblent impossible, parce que ou parce que.
Prendre le temps d'explorer et développer ces choses est apparemment un petit luxe qui n'est pas donné à tout le monde, ni facile à saisir, en fait plutôt. On se rend compte qu'on oublie ses rêves, que l'énergie manque pour rêver ou bien qu'on a peur de rêver trop grand ; quand nos contraintes s'effacent on fuit dans le réconfort d'une histoire à dévorer au soleil sur fond de mer Méditerrannée, et on retrouve du confort dans les petits espaces et cette lumière de dingue.
Le temps s'étire presque, les choses se figent peu à peu dans une espèce de climax assez déconcertant.
Les week-ends sont faits de pique-nique et de siestes au soleil, de balade champi au succès mitigé, de petites retraites cinématographiques quand c'est l'orage et de jardinage dans le vent du 16ème ; au fur et à mesure que l'aube retarde les jours commencent vaguement à se ressembler et tu t'habitues à la dureté des nuits comme si c'était devenu normal.
Ce qui te fait te demander entre deux feuilles de mesclun d'automne si la retrouvaille a plus de valeur que la trouvaille, si l'évidence comme l'aventure sont des concepts trop foireux pour s'y attacher.
Le temps des journées à rallonge et des nuits moites est apparemment révolu ; les matins se veulent de douches brûlantes et non plus de baignades matinales pour réveiller nos corps endormis, la nuit tombe plus vite et déjà on rêve d'hibernation.
Les grandes questions se posent inévitablement, comme des évidences, au milieu de la jungle réagencée du 16ème, au bord de la mer ou dans notre cuisine pimpée à la razor saw.
Et je réalise que l'école buissonnière est parfois nécessaire, en fait. En s'arrêtant, on peut mieux prendre conscience, à la lueur de lune bleue dans notre salon ou au calme de la mer, de ces moments de baume du tigre à en pleurer, du ciel doré, rose ou gris, des discussions parfumées à la tisane du soir, des retrouvailles avec ce vélo rouge si tant cool, du génie des ambitions de rizithèque ou du cool d'une belle de nuit qui grandit presque toute seule.
C'est comme si j'avais un peu repris l'école, qu'on écrivait nos prénoms sur des feuilles A4 pliées en triangle et que mon corps se fatiguait tout seul de rester assise à gribouiller pendant 8 heures presque d'affilée. Comme si la lune et les étoiles se laissaient pas voir pour que nos souvenirs soient plus vifs et plus drôles, comme si les méduses apparaissaient seulement au crépuscule pour que tu repartes avec une petite blessure de guerrière et un souvenir rose, flottant dans une odeur de pluie et de fleur.
Au milieu des tournants à 95 degrés et des déserts superlunaires, la vie se déroule presque tout en douceur, tout en nuances.
Il y a toujours le tellement intriguant de ce qu'il va se passer alors qu'on prend un coup de vieux avec nos cycles semi-longs ; et en même temps on apprend petit à petit à réaliser la coolitude du maintenant et de ces riens du quotidien.
C'est peut-être à cause de la mer, de la lune, des couleurs ou de la lumière, de la musique ou des sandwichs syriens, de l'altitude, de l'urbain et des reflets clandestins, du vent et du temps, mais surtout des gens, de nos conversations, de leurs regards, de nos rêves et nos présents communs. Doucement ce glissement te fait réaliser ce qu'il y a de beau dans le mouvement - comme sur un vélo, en avançant on trouve l'équilibre.
On a dit au revoir aux tatamis, on a de nouveau repoussé le confort à plus tard, c'est le retour au choses essentielles, concentration sur les besoins primaires.
C'est presque pas mal, l'austérité matérielle du moment est un noir et blanc qui fait ressortir toutes les couleurs de l'intangible, si on y pense.
On refait le monde dans une cuisine adéquatement étriquée, on devient secrets comme nos courages s'envolent des balcons du 16ème, on imagine en regardant la lune que les choses peuvent être différentes - c'est à nous de miser.
Nous sommes mi-septembre - pas de panique.
On construit des madeleines de Proust à base de pesto du jardin et de bo buns aux bols dépareillés, de journées à ne rien faire, de dialogues sans fin et de films juste entamés, de Balavoine et de coriandre encore et toujours. C'est un peu comme un remède à l'angoisse de l'aventure, de la psychanalyse appliquée quand avec la pluie l'humanité déteint sur nous.
Le corps fatigué d'aux revoirs trop matinaux, le coeur triste de séparations trop rapides, c'est le moment de trouver les nuances de ciel entre les nuages.
Ça se passe sur un fond de moments de bonheur sincère : les parties de kem's en mode golden, la mer tous les matins différente, les séances ciné allongés sur un tatami de récup, les galettes et les panisses, les siestes et les visages heureux, la douceur de vivre et les grandes conversations, les nouvelles du bout du monde, le jardin, les balades à deux roues, le ciel d'étoiles et de lumières flottantes.
C'est ce qui est déconcertant parce que les horizons sont ouverts, parce qu'on a déjà été courageux et que c'est encore le temps de rêver.
Notre 16ème est devenu, au milieu des courants d'air et des bruits de la ville, une vraie jungle de biodiversité. Ça implique, un peu naturellement, d'intégrer une petite routine de réflexes divers et variés et de se familiariser avec des apparitions impromptues plus ou moins mignonnes. C'est peut-être ça, commencer à se poser.
J'appréhende un peu le passage au mois de septembre, ça sonne un peu comme si l'été se terminait, même si j'aime bien remettre des pulls et enfiler autre chose que des tongs, même si la mer reste au même endroit et qu'elle sera même un peu plus à nous.
Les vacances auront été enchainade de siestes, de retour à la nature, de cuisine et de revoyures - avec ces endroits familiers mais pas tant, avec l’océan, les pins, ces gens-là.
J’aime bien qu’elles ne durent qu’un moment, juste assez pour avoir hâte de retrouver la mer, le jardin, la ville.
Dans le train qui traverse la France avec un bourdonnement de Corail d’avant-guerre, c’est comme si j’avançais vers l’à venir. Trop d’aventure et mille raisons de flipper, ça commence à devenir normal en fait.
Je reviens chez moi avec des bébé-chênes, un hamac et l'immensité de l'horizon.
Je reviens chez moi avec des bébé-chênes, un hamac et l'immensité de l'horizon.
Dans trois jours je rejoins la côte ouest ; je laisse le jardin du 16e et ses courants d'air pour retrouver le plancher des vaches.
Ce qu'il y a de bien au fait de devoir - encore une fois - faire le tri, c'est que ça pose aussi ces questions importantes, de ce qui est important pour toi, ce qui t'est essentiel, indispensable, ce que tu considère futile ou ou bien inutile.
On reprend goût aux choses simples, un peu comme des petits vieux : le miam d'un tiramisu de fou ou d'un mousseux de la loose, les mille couleurs du coucher de soleil à chaque fois différent, les fleurs de piment thaï et les multiples dynasties de Basile.
Le quotidien devient une petite aventure où tu as peur de prendre des coups de lune, et ou ton coeur tout mou devient trop fragile pour exister sans la cuisine des gens autour de toi. Il te paraît maintenant impossible de vivre sans apprendre à mieux connaître leurs raisonnements, leurs caractères et leurs drôlitudes ; de survivre sans sentir leur présence juste.
Le quotidien devient une petite aventure où tu as peur de prendre des coups de lune, et ou ton coeur tout mou devient trop fragile pour exister sans la cuisine des gens autour de toi. Il te paraît maintenant impossible de vivre sans apprendre à mieux connaître leurs raisonnements, leurs caractères et leurs drôlitudes ; de survivre sans sentir leur présence juste.
Le ciel est trop bleu à Marseille et tout se passe dans la moiteur de juillet, ça donne juste envie de rester au 16ème jusqu'à ce que le soleil se couche.
Ma dream list n'en finit pas de s'allonger, et au lieu de me bouger les fesses je reste reclue dans ma navette spatiale ou je fais la planche au milieu des épluchures de la mer en regardant les nuages.
Dur de trouver un équilibre pour ce premier été dans le sud, c'est le tiraillement entre dix mille choses que je ne peux même plus noter sur mon agenda, c'est la fugue du long et du relou, de l'inconfortabilité du travail à l'aveugle, hors sol, et de tous ces trucs qui m'attendaient bien tranquillement après le fou mois de juin. Et en même temps ce quotidien qui sent les vacances est plutôt pas mal, on pourrait très bien se contenter de vivre de pastèque et d'eau fraîche au final.
Presque deux mois que je n'ai pas écrit par ici, j'hésite entre appeler ça de la flemme, du déphasage, du mutisme, de l'oubli ou de la pudeur, de la réflexion, de l'introversion ascendant autisme, du je m'en foutisme, du vécu ou du reflux, peut-être un peu tout ça à la fois.
Bref, c'est l'aventure, encore, pas de répit haha.
Les symptômes de l'été se font sentir, on mange de la pastèque et on boit des gommés dehors, tu rêves un peu d'horizons inconnus et tu as le bronzage agricole qui revient doucement. Aller se baigner est un acte moins héroïque qu'il y a quelques semaines, on sort les doigts de pieds et il y a cette espèce d'ambiance summer qui te donnes envie de ne boire que des pac à l'eau et des bubble teas.
Le syndrôme des six mois est aussi là, avec le pack "bascules, retournements et autre incertitudes" qui te fait flipper et kiffer en même temps. Le temps parait en suspens sauf qu'il te file aussi entre les doigts, dans un beau paradoxe ensoleillé et venteux. (Il y a un truc latent ou alors c'est juste toi qui attend.)
Le printemps c'est un peu piégeux comme concept - en ce moment il fait gris et pluvieux à Marseille, et tu as juste envie de rester en hibernation toute la journée, youhou.
C'est quand le vrai printemps ?
Je retourne au Danemark pour quelques jours.
Enfin, je retourne à Copenhague, cette dingue de ville.
Trop cooooooool.
C'est marrant, il y a deux ans, je me demandais comment j'aurais changé de way of life. Trois colocs, quelques endroits et un diplôme plus tard, je n'ai pas plus de visilibité sur les mois à venir - ahahaha. Et pourtant, c'est quand même différent, on a un peu grandi, on a un peu plus de souvenirs.
Avoir 23 ans, c'est peut-être quand tu te rends compte que tu as toujours 10 ans et qu'en même temps tu es une petite mamie dans l'âme, quand tu as des certitudes sur l'incertitude et la conscience de manquer de recul, la vie devant toi mais l'impression de courir après le temps, la soif de nouveau mais l'envie du réconfort routinier, des rêves de changer le monde sans vraiment penser comment tu peux changer toi. Oui c'est un peu métaphysique, ou bien météorologique.
Un coup chaud, un coup froid ; un jour beau et un jour moche, des trombes d'eau puis une éclaircie, c'est un peu comme ça à Marseille en ce moment aussi. Et ces percées fugaces te rappellent qu'il faut - juste - prendre le temps de vivre.
Bon, donc en ce moment les projets ne manquent pas ; ça donne un étrange mélange d'espoir et de désillusion, un oxymore de surmenage abstrait, des montagnes russes entre gros win et énorme loose, entre une utopie, tes convictions, tes espérances, tes contraintes, la vraie vie.
Alors les yeux qui pleurent de froid dans la descente à vélo bleu accompagnent la prise de risque collective. On pousse l'effort physique, on apprend à (se) faire confiance, on essaie et peu à peu on construit un quelque chose ensemble.
Ne pas crouler sous la montagne d'informations ou de tâches à accomplir s'avère un peu plus compliqué que prévu. À M + 4 de la fin de mes études - déjà, il y a comme un petit peu d'aventure toujours, mais en différent encore, un petit peu d'expectation et d'aspiration toujours, un petit peu d'appréhension aussi. Et toujours cette impression de voir ces multiples projets flotter, les jours nous filer entre les doigts.
Il faut juste se rappeler que le temps ne se perd pas, en fait, il s'emploie, plutôt ?
L'hiver a déjà été plus terrible que ça, et j'espère être encore jeune et vigoureuse de mes 23 ans et 1 mois - sans RSA, mais pour l'instant je suis en mode mémé avec un plaid greffé sur le dos et un mug d'eau chaude + citron + miel à la main, et j'ai la flemme de me plonger dans n'importe quelle expédition intellectuelle qui sent le relou de la vie d'adulte à mille bornes à la ronde. Voilà.
Les semaines défilent à la vitesse d'un Ouigo Marseille-Saint-Charles-Marne-la-Vallée-Chessy, et les week-ends ne semblent pas freiner le rythme de ce début d'année inexplicable.
En même temps, des tas de choses sont dans en suspens et flottent dans un espèce d'entre-deux interstellaire pour l'instant.
Allons donc hors du temps en faisant la sieste et en (ap)/(re)prenant l'art de vivre ?
Alors que je tente de trouver une espèce de rythme de croisière - mission assez périlleuse dans cette coloc, soit -, peu à peu je me rends compte de ces changements subtils, de ces différences entre mon quotidien d'aujourd'hui et celui d'hier ou d'avant-hier.
Et on dérive vers un je-ne-sais-quoi mais on y va, doucement.