C'est très bizarre, en ce moment. Le printemps est là, à presque choper des coups de soleil au parc, à fomenter des espoirs de balcon fleuri et à profiter de petits déjeuners à la chaleur du matin, et puis cette petite impression que l'on tourne en rond et que l'horizon ne se dégage pas, et puis ce vertige d'avancer quand même sur une haute ligne, à la fois au-dessus du vide et de tous nos fantômes, nos désirs, nos regrets et nos peurs.
Souvent, je repense à quand la vie me paraissait plus simple. Les souvenirs des années de bonheur partagé, l'insouciance de grands enfants, les aventures à venir qui étaient innombrables.
Depuis quand mes jours sont-ils comptés ?
Combien de jours, combien de semaines, combien d'années le covid nous aura volés ? Combien de rencontres, combien de souvenirs, combien de verres et de moments, combien de retrouvailles et de nouveaux lieux ?
À quel moment la peur se glisse-t-elle dans chaque pas que l'on fait vers d'autres situations ? Et puis, est-ce que c'est grave d'avoir peur ? J'aimerais me dire que si on peut avancer quand même, trouver du beau dans ce chemin malgré la flippe, malgré les mille choses que l'on ne fera jamais, malgré les paysages que l'on ne verra jamais, alors peut-être que c'est ça grandir.